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Pourquoi un musée des Arts de la Table à l'abbaye de Belleperche ?

 

Créer et développer un musée des Arts de la Table dans une ancienne abbaye cistercienne peut paraître étonnant, tant l'image qui vient à l'esprit, lorsqu'on évoque l'ordre de Cîteaux, est celle de l'austérité, de la prière et du travail manuel. Pourtant, à l'époque moderne, beaucoup de grandes abbayes françaises ont mené des activités hôtelières en direction d'une société de haut rang. Des locaux ont été réaménagés ou construits aux XVIIe et XVIIIe siècles, afin d'accueillir des hôtes le temps d'un séjour ou pour des locations d'appartement et les moyens financiers des monastères les plus aisés ont favorisé l'embauche des meilleurs cuisiniers.

L'abbaye de Belleperche a conservé les installations réalisées au XVIIIe siècle pour la fonction d'accueil : les chambres d'hôtes de part et d'autre d'une immense galerie, deux escaliers d'honneur qui se succédèrent au XVIIIe siècle, deux appartements de réception d'hiver et d'été comprenant salle à manger et salon de compagnie, mais aussi les chambres du prieur et de l'abbé, la cuisine et le réfectoire bâtis en 1701 où certains hôtes dînaient avec les moines.

C'est en référence à l'histoire et aux espaces conservés que le Conseil départemental de Tarn-et-Garonne a choisi d'orienter la nouvelle vie de l'abbaye de Belleperche vers les arts de la table, thème qui traverse et relie les âges, les pays, les cultures.

Depuis 2002, le Département de Tarn-et-Garonne rassemble et enrichit des collections qui illustrent l'évolution des pratiques de table et des objets qui s'y rapportent.
 


LES COLLECTIONS 

 

  • La collection permanente du musée

La collection permanente du Musée des Arts de la Table retrace l'évolution des pratiques liées aux repas, de la fin du Moyen Âge jusqu'au XXIe siècle. Elle comprend des objets variés : vaisselle, verrerie, couverts, ustensiles et accessoires. Ces pièces, utilisées au quotidien ou lors de fêtes, proviennent de milieux populaires, bourgeois ou aristocratiques, et sont issues de productions artisanales ou industrielles.

Une partie de cette collection est présentée dans l'ancien grenier de l'abbaye de Belleperche, dans l'exposition La Table est mise !.

 

  • La collection Valfré

La collection Valfré rassemble des objets chinois en grès de Yixing, liés à l'art du thé. Elle est exposée dans l'ancienne hôtellerie de l'abbaye, dans l'exposition La terre et le thé.

Cette collection constituée par Patrice Valfré depuis 1989 compte plusieurs centaines d'objets fabriqués en Chine, destinés aussi bien au marché local qu'à l'exportation. Ces pièces couvrent une période de cinq siècles, de l'époque Ming aux années 2000, et témoignent de l'évolution d'un artisanat exceptionnel basé sur les argiles de Yixing. Ce matériau, réputé pour sa solidité, sa porosité et sa plasticité, a fait de cette région le berceau de la théière.

L'exposition met en avant les grandes périodes de production, notamment les XVIe et XVIIe siècles, où des potiers comme Shi Dabin deviennent célèbres. À cette époque, les formes de théières se diversifient pour répondre aux exigences des mandarins, lettrés et hauts fonctionnaires. Les modèles sphériques, cylindriques ou en forme de poire, aujourd'hui très répandus, deviennent alors des classiques.

La collection comprend également des objets conçus pour le commerce européen du XVIIe siècle. L'aristocratie et la bourgeoisie appréciaient ces théières en grès avant que la porcelaine ne deviennent le matériau privilégié.

Les théières de Yixing se distinguent par leur qualité et leur esthétique. Elles sont aussi associées à l'art du thé des lettrés. En effet, elles permettent de sublimer l'infusion et offrent une expérience sensorielle unique, au cœur de la préparation et de la dégustation du thé.

 


LES ACQUISITIONS

 

 

Plat creux à décor polychrome représentant au centre, sur fond bleu, un écu émanché sur fond de rubans. En bordure, frise d'arceaux sur fond ocre.

 

Faïence peinte

Ht 4,4 cm ; diam. 23,9 cm

Lieu de création : Italie, Faenza ( Émilie-Romagne)

Vers 1500

 

Les armoiries sont celles des Bentivoglio, originaire de la cité éponyme, seigneurs de Bologne par intermittence de 1401 à 1442, puis par succession jusqu'en 1506. Ils sont connus depuis 1323 dans la cité bolonaise et se sont engagés dans les affrontements entre les Guelfes, partisans du pape, et le parti aristocratique des Gibelins, favorables à l'empereur germanique, dont ils ont pris le contrôle. C'est dans ce contexte politique houleux et violent du XIVe siècle qu'ils parvinrent, tant bien que mal, à s'approprier puis à conserver le pouvoir à Bologne à partir de 1401. Ce plat pourrait relever d'une commande de Giovanni II Bentivoglio, fait prisonnier en 1507 et mort en prison à Milan en 1508. Son fils et successeur, dernier seigneur de la famille, Annibale II Bentivoglio, ne reprit le pouvoir qu'en 1511 et le conserva seulement quelques mois avant d'être assassiné. Il n'eut donc guère le temps de commander de la vaisselle d'apparat car c'est bien de cela qu'il s'agit, un plat destiné à être déposé, parmi d'autres, sur les gradins d'un buffet afin d'exposer aux yeux de tous, serviteurs, amis, alliés, clients, visiteurs, le blason de la famille dominante.

 

Achat du musée

Inv.2022.39.1
 


LES OBJETS DU MUSÉE 

 

En 2025, retrouvez chaque mois une nouvelle présentation d'un objet de nos collections.